Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Zweig-marie-antoinette.JPG

La force d'un grand écrivain réside dans la capacité à rendre passionnant un sujet qui, a priori, ne nous passionne pas. C'est ce que vient de faire Stefan Zweig avec moi. Ne sachant que lire, j'ai flâné dans une librairie de mon quartier jusqu'à ce que mon regard se pose sur la couverture de Marie-Antoinette. Ayant lu il y a quelques temps la biographie que l’auteur avait consacrée à Balzac et l'ayant trouvée superbe, j'ai choisi le récit de la vie de la reine de France pour accompagner mes soirées de ce début de printemps. Grand bien m'en a fait.

 

En effet, la vie de Marie-Antoinette est parfaitement romanesque. Fille insouciante de Marie-Thérèse d'Autriche, elle est mariée très jeune au mollasson Louis XVI, futur roi de France. Leur union met sept ans à être consommée tout à fait car le monarque souffre d'une incapacité à offrir sa noble virilité. Mais, alors qu'elle a 22 ans, la reine tombe enceinte enfin pour la première fois. Durant toutes ses années, elle noie sa frustration dans le faste, la légèreté, les plaisirs mondains. Le château du Trianon se pose comme le symbole de cette vie frivole.

 

Mais voilà que gronde la voix d'une partie du peuple, la bourgeoisie, qui veut sa part du gâteau. Cela s'étend de plus en plus et le poids des impôts devient scandaleux fasse aux dépenses de la reine. Celle qui a tant été adulée à sa venue en France devient détestée de tous. Ses amis lui tourne le dos, le peuple réclame la fin des privilèges, on complote, notamment avec la fameuse affaire du collier, pour la faire trébucher.

 

Finalement, la révolution et la honteuse Terreur qui en découla éclate brutalement dans la vie de Marie-Antoinette. C'est dans ces circonstances tragiques que se révèle une facette jusqu'alors tue de sa personnalité. Marie-Antoinette montre au monde à quel point elle est une grande reine. Elle fait face à tous les dangers avec une dignité étonnante. Elle élève ses enfants dans la tourmente. Alors qu'elle brûle d'amour pour Fersen, un beau et solide suédois, elle fait passer son royal devoir avant toute chose et ne nuit jamais à l'image de son indécis d'époux dont la mollesse aura été le plus grand bourreau. Dans les ultimes instants de sa vie, elle reste droite, juste et fière alors que la révolution sombre dans la corruption et le massacre.

 

Jetée sans autre cérémonie dans la fosse commune, elle devient poussière seule, sans soutien de sa famille ou des prétendus amis. Sa mémoire est laissée à l'abandon et lorsqu'une cadette des Habsbourg épousera un certain Napoléon, celle-ci ne pensera même pas à demander où se trouve la sépulture de son aînée. Il faudra attendre l'avènement du lâche Louis XVIII pour que soit exhumé le corps de la Reine de France et qu'on lui rende les hommages que son courage mérite.

 

Une fois de plus, Stefan Zweig propose une biographie qui se lit comme un roman. Son empathie et la qualité de sa plume son au moins aussi responsable de l'attrait que j'ai eu pour ce livre que la vie bouleversante de Marie-Antoinette.

 

Tag(s) : #Le chant de Melpomène, #Stefan Zweig
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :