De mysteriis dom bouquinas

Ô Toi qui fidèlement suit les émulsions maladives de ce blog, cela ne t'a pas échappé que ces derniers temps, j'ai brillé par mon absence.

Cela a terriblement heurté la blogosphère. Un véritable soulèvement de protestations s'est érigé face à ma lascive inactivité. Il était dur pour moi de répondre à la déferlante des commentaires et autres messages privés que je recevais quotidiennement.

Mais aujourd'hui, je reviens, sur la pointe des pieds, certes. J'envisage de faire revivre un espace où je pourrai raconter mes folles échappées sous la couette. Non, pas celles qui font grincer le lit et qui précipitent le rythme cardiaque, mais celles de mes lectures et autres évasions imaginaires.

Post-scriptum : A titre indicatif, voici la liste des bouquins qui ont bercés mes nuits et mes trajets en bus depuis ma crise de flemmingite aiguë.

Honoré de BALZAC - La rabouilleuse (est-il vraiment nécessaire de préciser que j'ai adoré ?)

Honoré de BALZAC - La duchesse de Langeais (même commentaire que précédemment)

Emile ZOLA - Nana (très agréablement surpris. Le témoignage social ne prime pas sur l'étude de mœurs. Certains passages sont très émouvants)

John Kennedy TOOLE - La conjuration des imbéciles (un de mes gros coups de cœur de 2013. Un roman très drôle, alternant légèreté du ton et profondeur du sens. Bravo !)

Henri David THOREAU - Walden ou la vie dans les bois (un témoignage qui amène à s'interroger sur le sens de la vie avec l'esprit des pionniers américains et déjà l'idée de décroissance)

Louis-Ferdinand CELINE - Nord (un chef d'oeuvre où le cynisme se teinte de nonchalance dans une Europe en ruine. C'est noir. C'est beau)

Matthieu RICARD - Plaidoyer pour l'altruisme, la force de la bienveillance (une démonstration de l'intérêt de se tourner vers les autres pour vivre en harmonie, le tout appuyé par des études en neurobiologie et en psychologie sociale. très intéressant)

Honoré de Balzac - Ursule Mirouët (Quand Balzac décide de dépeindre la grandeur des sentiments humains dans les petites choses du quotidien, il est le Maître incontesté)

Jules VERNE - Hector Servadac (le plus sombre des romans de Jules Verne que j'ai lu jusqu'à présent il suffit de lire le nom du protagoniste à l'envers pour s'en convaincre. Très prenant cependant)

François RABELAIS - Gargantua (la verve charmante de ce récit illustre à merveille une France pas encore tout à fait disparue)

Louis-Ferdinand CELINE - La mort à crédit (le récit des jeunes années du petit Ferdinand. Un livre qui éclaire sur le personnage qu'est devenu Céline)

Antoine COMPAGNON - un été avec Montaigne (petit essai pour donner envie de plonger dans les écrits du philosophe)

Jules VERNE - Paris au XXème siècle (un livre refusé à l'époque par sa maison d'édition car trop pessimiste, ce qui le rend absolument incontournable pour comprendre l'évolution intellectuelle de l'auteur)

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Comments

[Tiphanie]

Je dois avouer que ma première lecture fût très laborieuse, en VO forcément puisque c'était pour la fac, certains passages m'ont ennuyée (notamment la mesure de l'étang en long, en large, et en travers) mais les cours m'ont permis de mieux comprendre le message du livre. Je ne l'ai pas pris non plus comme un roman, mais comme un essai qui éclaire tout un pan de la littérature américaine ( si ce n'est du fondement de sa société, au moins de son état d'esprit), celui d'à partir de rien, d'apprivoiser et de maîtriser son environnement, le retour à l'essentiel et puis on y retrouve beaucoup la philosophie transcendentaliste d'Emerson.

[Tiphanie]

Contente de te lire. Vas-tu écrire sur les livres lus pendant ta flemmingite? J'ai beaucoup aimé Walden, étudié à la fac.

[Jibé]

Salut Tiphanie !

J'suis pas certain d'écrire un article pour chaque bouquin lu pendant ma cure de vie réelle. J'aime bien écrire sur les livres que j'ai lus quand les lignes me brûlent encore l'imagination.
Là, le temps a fait son affaire et je garde un regard beaucoup plus sage sur mes lectures passées. C'est moins drôle.

Cela dit, concernant Walden, j'ai eu une réaction un peu compliquée. En le lisant, je me souviens avoir ressenti une petite déception concernant le style que j'ai trouvé un peu terne et également concernant le décor : cet aspect un peu pionnier américain ne fait pas échos à grand chose en moi. J'ai parfois eu des images de la petite maison dans la prairie en lisant le récit de Thoreau, ce qui n'est pas bon signe...

Cela dit, j'ai beaucoup aimé le message de fond. Je trouve ça essentiel de questionner nos aspirations profondes, ce qui a vraiment de l'importance pour nous. Je me souviens avoir lu il y a quelques temps un article qui évoquait les regrets qu'entendent trop fréquemment les infirmières qui accompagnent les mourants. Presque toujours, il y a des déceptions sur les choix de vie, sur les choses que l'on fait et qui nous éloignent de nous-même et de ceux que l'on aime.
Je pense qu'un travail de quête de sens comme celui qu'a fait l'auteur permet d'éviter pas mal de ces regrets de fin de vie. Ca rejoint plein de courant de pensées notamment le bouddhisme.

Walden ou la vie dans les bois est donc un livre que j'ai plus pris comme un essai intéressant que comme un roman émouvant.. mais c'est déjà pas mal ! Et toi, qu'en as-tu retenu ?