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Au cœur de la plaine, le son encore distant du cor retentit jusqu’à nos oreilles. Il fend l’air épais avant que la première image ne nous parvienne.

Le climat est lourd. Les ondes sont sourdes.

 

Au rythme lent des pas, les silhouettes se dessinent. D’éclatantes pointes de lances tout d’abord, puis des heaumes scintillants, des plastrons d’albâtre et des boucliers tels des miroirs reflétant les maigres rayons de soleil qui parviennent à transpercer l’opaque voile du petit matin.

 

En face, se rapprochant, grouille la horde sombre, désorganisée et abondante. La masse de suie, de sang et de salive semble absorber la lumière. Aucune forme nette ne se dessine. Une mâchoire aux dents acérées, une lame émoussée, un œil rougeoyant et cerné de colère.

 

A mesure que le jour se lève, le destin chante les termes du combat. L’armée noire est deux fois, dix fois, vingt fois, cent fois plus nombreuse que la blanche garnison. La découverte de ce déséquilibre disperse les regards, fait perler les dernières gouttes le long des tempes, raccourcit les souffles.

Du ciel, la perle nacrée semble tombée dans une cuve de charbon. La pression occulte s’intensifie. L’odeur nauséabonde d’un avenir ténébreux remplit presque totalement l’air à présent.

 

 

 

Raffermissant la prise de sa main sur le pommeau de sa longue épée, un seul homme s’avance, chevauchant son destrier couleur neige, pour mieux s’adresser aux hommes :

 

Fiers Chevaliers, nous sommes venus mourir ici car nous voulons vivre. Ne vous laissez pas impressionner par leur nombre et leur férocité. Nous sommes ceux qui avons choisi, nous sommes ici pour vaincre. Fiers chevalier, une fois de plus et sans relâche, faites face à votre avenir, façonnez votre destinée avec les armes dans vos mains et avec la couronne qui n’est point sur vos têtes car elle est dans vos cœurs. Aujourd’hui le soleil se lève sur la plaine, aujourd’hui nous allons combattre. Demain le soleil se lèvera à nouveau. Serrez vos épées, bandez vos arcs, tenez droits vos étendards. Faites face à la mort, pour vivre !

 

D’une main, le chevalier pointe son arme vers le ciel, de l’autre il tire la bride de son cheval d’un geste ample pour faire face à l’ennemi qui croit déjà avoir remporté le combat. Seul, il charge, suivi presque aussitôt par l’armée, petite par le nombre, invincible par le cœur.

 

 

Ainsi s’achève l’ultime bataille. Ce qui attaque l’énergie vitale n’est qu’illusion. La paralysie de l’esprit ne peut rien face à ce qui sans cesse le meut, au-dedans.

La Guerre Sainte n’est jamais tournée vers l’extérieur, mais toujours vers la peur du dedans. Elle ne peut être perdue, quelque soit le nombre, quelque soit la taille.

Le masque d’argile aux contours agonisants de la panique que l’on veut nous faire porter ne peut que se fissurer et éclater lorsqu’en dessous se dessine le sourire paisible du nouveau-né.

 

 

lion-sun-batik.jpg

 


Le vieux sage avait raison. Rien ne peut nous atteindre sur les fondamentaux de notre vie. Nous sommes vivants, toujours en mouvement. Nous sommes souriants, rugissant comme un Lion, rayonnant comme un Soleil.

 

 


Tag(s) : #Le Grand Tout
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