Gagner la guerre

Pour assoir son pouvoir sur la République de Ciudalia, le Podestat Ducatore s'adonne à des projets plus machiavéliques les uns que les autres. Il n'hésite pas, pour certaines affaires tortueuses, à faire appel aux services de don Benvenuto, une fine lame de la guilde des Chuchoteurs, les assassins de la cité. Celui-ci sera plongé dans d'inextricables situations où il devra faire preuve des plus grandes ruses pour s'en sortir. Les grandes familles de la noblesse passant le plus clair de leur temps à se tirer dans les pattes, il faut être étonnamment chanceux et malin pour finir sa vie autrement que ruiné ou suicidé de trois coups de poignard dans le dos. C'est ce que tentera de faire par de nombreuses pirouettes notre canaille de héros.

Dans cet univers où se mêlent les heures glorieuses de l'aristocratie italienne avec des elfes enchanteurs et des magiciens puissants, Jean-Philippe Jaworski promène le lecteur. Il est bien difficile de deviner ce que l'intrigue réserve dix pages plus loin. Sans cesse rebondissant, le scénario n'a rien à envier aux grands romans d'aventure tel que Les trois mousquetaires. On ne voit pas défiler les milles pages de ce roman. Tout est action, complot, rebondissement, trahison, sursaut, démêlé et représailles. Tout est calcul, plan, imprévu et fuite. C'est là le premier atout de ce roman qui aurait pu suffire à proposer un très agréable moment de lecture.

Mais Jean-Philippe Jaworski ne se contente pas de proposer une intrigue bien ficelée. Il sert son histoire dans un décors raffiné décrit par une plume pleine de mesure et de justesse. L'univers dans lequel évoluent les personnages est fait d'éléments rappelant les grandes heures de l'Italie et plus largement d'une sorte d'Europe où l'on trouverait le plus naturellement du monde des éléments fantastiques. Il arrive souvent que les livres de fantasy détachent complètement leur propos du réel. Ici ça n'est pas le cas. Cela donne une tonalité beaucoup plus réaliste, et du coup beaucoup plus prenante au récit.

En lisant Gagner la guerre, j'ai découvert un écrivain qui marquera sans doute la littérature fantastique. En tout cas ce roman vient agréablement rejoindre mes quelques gros coups de cœur de l'année 2012. Un livre que je recommande donc très chaudement !