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Il est un fait, triste mais bien réel, face auquel nous nous heurtons tous un jour ou l'autre : lire sépare les gens. Il y a d'un côté ceux qui lisent et de l'autre ceux qui ne lisent pas. C'est à ce clivage que s'attaque Daniel Pennac dans Comme un roman.
Pour se faire, il s'arme à la fois de son expérience d'écrivain et de professeur. Il remarque que nous avions presque tous le goût des histoires racontées dans le lit quand nous étions petits, mais que pour certains d'entre nous, cet amour du livre s'estompe avec les années. Lire devient un acte pénible quand il n'est plus gratuit, quand il faut lire pour tout comprendre, pour faire plaisir aux parents, pour avoir une bonne note en cours de français, pour étaler son savoir en société.
Ainsi Daniel Pennac dédramatise l'acte de lire. Il rappelle au lecteur qu'il peut bien lire ce qu'il veut, de la façon qu'il préfère, en sautant des pages si ça lui chante, en choisissant une histoire dite facile si Madame Bovary fait peur. Bref, le but est de renouer avec ces histoires racontées sous la couette, avec le plaisir de s'évader.
Non content de défendre une si noble cause, Daniel Pennac met les formes. Son ouvrage est bien nommé puisqu'il se lit... Comme un roman. C'est l'histoire de lire des histoires qui est racontée, du berceau aux bancs du lycée, de l'explication de texte du cours de français au livre corné dans le métro. Ainsi naît un petit manuel sympathique qui donne plus que jamais envie de plonger des heures et des heures dans les vibrantes passions de Vronski et d'Anna, dans le trépignant destin de Madame de Bovary ou que sais-je encore ?
Alors annotez vos romans ou ne le faites pas, lisez dans le métro ou sous la couette, tous les soirs ou une fois par an ou bien jamais, faites comme bon vous semble. Pour ma part je m'en vais quelques heures livrer Bataille avec Georges. A bientôt.