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Il y a peu de gens dont j'admire l’œuvre autant que Balzac. Non, c'est faux. Je n'admire le travail de personne autant que celui de l'auteur de la Comédie humaine. A chaque fois que je ressens le besoin d'un souffle frais dans ma vie, j'ouvre l'un de ses livres. A chaque fois que j'ai besoin de m'insuffler un peu de confiance dans l'espèce humaine, je plonge dans la lecture d'une de ses œuvres de génie. De génie oui, car Balzac a abattu un prodigieux travail dans sa vie. Il a voulu décrire chaque visage-type de son époque, peindre un tableau de l'ensemble du monde dans lequel il vécut.

 

L'objectif était prométhéen. La réalisation est d'une incroyable richesse dans les portraits, d'une formidable justesse dans les situations, d'une magistrale finesse dans la description des émotions. Quand je parle de Balzac autour de moi, j'entends souvent venir la même objection : ses descriptions sont trop longues, trop pesantes dans le récit. Que nenni ! La force de Balzac réside précisément dans ses descriptions car il parvient à montrer à quel point la forme est le fond qui remonte à la surface. En décrivant une veste chiffonnée, il souligne un trait de caractère de celui qui la porte. Il en est ainsi du Maître: il scrute avec empathie le monde qui l'entoure et en retire une compréhension rarement égalée.

 

J'arrête là les superlatifs pour en venir à Prométhée ou la vie de Balzac d'André Maurois. Après avoir lu il y a quelques années la formidable biographie de Stefan Sweig, je me suis penché sur celle-ci, beaucoup plus récente. J'avais un peu peur de la redondance, mais ce ne fut pas le cas. Si Sweig raconte la vie de Balzac comme il écrivait ses romans, André Maurois s'attache à fournir un travail plus académique. Il fait la part belle à la correspondance de Balzac, principalement avec les femmes de sa vie : sa sœur Laure, sa mère avec qui les rapports étaient parfois venimeux, Madame de Berny la grande protectrice, puis Madame Hanska, l'ultime conquête.

 

Dans ce récit, on retrouve bien sûr les principales étapes de la vie d'Honoré : son enfance loin de sa famille, plongée dans les livres, les premières années d'indépendance marquée par des débuts difficiles et les premières dettes, ses amitiés avec Théophile Gautier, Georges Sand ou encore Victor Hugo, puis la reconnaissance française et européenne de son talent et enfin la course contre le temps, contre les difficultés d'un destin où l'on entend que trop clairement le chant du cygne.

 

André Maurois traite ce parcours digne des plus grands récits avec une admiration évidente. Balzac aurait pu être un sujet d'étude pour ses propres romans. Sa vie était à l'image de son œuvre : faite de grandeurs et de ruines, de passions et d'extravagances, de talent, de talent et encore de talent.

 

D'aucuns pensent que la lecture est une activité solitaire, une passion d'ermite. Avec Balzac il n'en est rien. Il ouvre sur le monde, il fait plonger dans la vie, en un peu mieux, en un peu plus beau. Fort heureusement pour l'humble admirateur que je suis, sa plume a été prolixe, poussée par la nécessité de renflouer les dettes et par le besoin de faire vivre le monde. Il me reste donc encore quelques chef d’œuvres à parcourir avidement, admirativement, impatiemment.

 

Tag(s) : #Le chant de Melpomène, #André Maurois
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