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Douze ans après avoir écrit L'équipage (dont je parle ici : L'équipage ) Joseph Kessel nous amène à nouveau sur le front de la Marne lors de la première guerre mondiale. Petit rappel des faits : Jean et Claude pilotent au sein du même avion. Ils nouent une amitié très forte, presque fusionnelle. Jean a une petite amie. Claude a une épouse. Lors d'une permission loin du front, Jean découvre que Denise et Hélène ne font qu'une seule et même personne. De là naissent soupçons, doutes et jalousie.
Dans Le repos de l'équipage, Kessel revient sur quelques jours que passe l'escadrille en retrait du front. Loin des tirs allemands, les préoccupations des hommes redeviennent ce qu'elles ont l'habitude d'être en temps de paix : les femmes, la fête et les amis. Mais c'est aussi le temps pour Claude, chez qui a germé la graine du soupçon, d'observer son compagnon devenu distant et son épouse qui l'a rejoint pour ces quelques jours de trêve. Le climat devient alors de plus en plus électrique, de plus en plus pesant, jusqu'à l'explosion finale et salvatrice quelques instants avant le retour sous le feu des combats.
Comme si la cicatrice le démangeait encore, Kessel ouvre à nouveau la plaie faite dans L'équipage en ajoutant ce nouveau chapitre. Bien qu'il y ait inévitablement une forte redondance avec son précédent roman, l'auteur va ici plus loin dans l'analyse de la progression de la défiance, de la perte d'illusion, dans l'observation de cette amitié qui tente de survivre malgré tout et de cet amour coupable qui ronge les âmes. Sans être indispensable, Le repos de l'équipage permet de plonger pour quelques heures encore dans cette histoire faite de fraternité et d'amour passionné où se mêlent tromperie et camaraderie. Encore quelques belles pages donc écrites par celui qui est pour moi un auteur majeur du XXème siècle.