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Une hécatombe ! Dans ce recueil de trois courts récits, Tolstoï décime ses personnages avec le calme et la précision de la Grande Faucheuse.

 

 

D'abord, nous assistons à La mort d'Ivan Illitch. Celui-ci succombe dès les premières lignes du récit. Mais nous revenons sur sa vie : son mariage plein d'espoir auquel succède une vie de couple bien aigre, un cheminement professionnel marqué par une lente descente vers l'oubli avant un heureux sursaut qui projettera le protagoniste vers le renommée tant désirée, et enfin la maladie. Suite à une mauvaise chute, Ivan Illitch souffre de maux dont on sait que peu de choses. Les médecins ne peuvent ou ne veulent révéler ce qui l'accable. Cela se manifeste d'abord par une humeur exécrable liée à la douleur, ce qui a pour effet de distendre les liens d'un couple déjà bien mal en point. Puis la souffrance s'intensifie tant et si bien que la morphine ne parvient plus à apaiser notre héros alité.

 

 

Tolstoï raconte avec un soin particulier, méticuleux, la façon dont s'opèrent chez Ivan Illitch les différentes étapes allant des simples premiers troubles jusqu'à l'agonie. On tremble avec le pauvre condamné face à une mort que rien ne peut éviter. Cette fatalité hante Ivan Illitch. Il ne peut se résigner à faire le grand saut dans le vide. Peu à peu la terreur le gagne. Ca n'est d'ailleurs pas sans rappeler une autre agonie, celle du frère de Lévine dans Anna Karénine. Là aussi un effroi incroyable vient ponctuer chaque mot de Tolstoï. Je me souviens avoir été pris d'angoisse à la lecture de ce chapitre tant l'auteur avait su peindre un climat oppressant. On sent que ce dernier voyage terrorise l'auteur. Il semble le décrire dans ses moindres détails comme pour s'en exorciser, pour le vivre une première fois à travers ses personnages avant de le vivre lui-même. Et il faut reconnaître qu'il ne décrit pas l'agonie comme quelque chose de serein. Les ultimes questions possèdent littéralement ses personnages qui en deviennent presque déments. Voir le monde continuer de tourner autour d'eux, sentir cet implacable trépas qui s'approche, ne trouver aucune lumière salvatrice, voilà ce qui accable les personnages de ces trois nouvelles.

 

 

Il y a peu de changement dans Maître et serviteur puis dans Trois morts, si ce n'est le décor qui varie et la qualité du récit qui fluctue un peu. Reste cette préoccupation chère à Tolstoï du destin qui s'achève sans grandeur, qui met tous les hommes sur un pied d'égalité enfin. Tous meurent hantés par des questions sans réponse, par une révolte face à ce monde qui ne cesse de vivre alors qu'eux s'éteignent, dans l'indifférence quasi totale. Il n'y a qu'une plume de maître qui puisse retranscrire cette issue fatale, qui puisse faire resurgir des peurs viscérales. Voilà qui est fait. Je peux maintenant ranger ce livre sur mes étagères et aller me reposer en paix.

 


Tag(s) : #Le chant de Melpomène, #Tolstoï
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